Resumen:
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Peut-on utiliser l’adjectif “bizarre” et le substantif “bizarrerie” pour les appliquer à des champs notionnels relevant du baroque? Sans doute. Ce ne serait même pas par dérive sémantique, comme ce fut le cas lors de l’introduction du mot baroque pour désigner un art, un style, en rupture avec le classicisme, à partir d’un terme d’origine portugaise de sens fortement éloigné. D’ailleurs, plus que de dérive sémantique, c’est de proximité de signifiés qu’il convient de parler, ce qui expliquerait les glissements relevés. Un sème commun les rapproche sinon les associe: celui d’irrégularité, de décrochement par rapport à une norme. Furetière a déjà relevé qu’une perle était déclarée “baroque” lorsqu’elle était irrégulière, et nous avons vu que, dans la langue du XVIIe siècle, “bizarre” est souvent pris négativement. Au demeurant il procède de l’italien où il signifie coléreux, dans un premier temps, puis extravagant. Oui, en français “bizarre” et “baroque” peuvent, sinon constituer un binôme, être considérés comme voisins. Si “bizarro” et “bizarría” sont susceptibles de détournement de sens en espagnol, c’est précisément parce qu’ils sont chargés de positivité, ce dont les traducteurs ne se sont pas toujours avisés. Les gens d’esprit non plus.
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